J’ai vu Le Scorpion à Irkutsk, une ville en Sibérie qui arbore encore une statue de Lénine dans son centreville. C’est un des derniers arrêts russes sur la route du transsibérien: les traits de visage des irkutskiens tendent vers l’Asie: on sent la proximité de la Mongolie et de la Chine. Pour les touristes, la raison principale pour un arrêt ici est le lac Baïkal, un des lacs d’eau douce les plus grands du monde. La ville a aussi une histoire intéressante. Elle était nommée le ‘Paris de Sibérie’ au début du 20ème siècle; les Décembristes, rebelles contre le Tsar, dont beaucoup d’artistes et d’aristocrates, étaient en exil ici et transformèrent Irkutsk en un centre intellectuel important.
Le Scorpion donne l’impression qu’il a envie de s’éclipser par le côté, discrètement, pour aller en fumer une. Il à l’air un peu sinistre, avec son oeil sculpté surélevé, qui surveille les alentours pour guetter l’arrivée d’éventuels jeteurs de déchets qui nuiraient à son intention. La variété des poubelles ici, à Ekaterinburg et au Lac Baïkal m’interpella. Pourquoi autant, de conception si différente? Les artistes dissidents avaient-ils été obligés de concevoir des poubelles, et leur créativité perdurerait-elle encore à ce jour ?