Les Pingouins, My Khe/China Beach, Vietnam

Plage de chine

China Beach, côte Sud Est du Vietnam. Quatre poubelles, groupées pour la basse saison.

Mon chauffeur de moto, qui avait été soldat du côté des américains pendant la guerre du Vietnam, et avait visiblement connu des temps difficiles depuis, me laissa sur ce bout de plage pour aller fumer une cigarette avec ses autres copains chauffeurs ‘xe-oms’. Les xe-oms étaient un élément important pendant mon séjour de six semaines au Vietnam; ‘xe’ signifie véhicule, et ‘om’ ‘étreinte’. Etreinte-véhicule. Au Vietnam, beaucoup des véhicules sur les routes sont des motos. A Hanoï, il n’y avait tout simplement pas assez d’espace pour les voitures et les motos sont partout : sur le trottoir, dans les salons des maisons, dans les entrées des magasins. Sur l’autoroute pour Hoi-An, il y avait également peu de voitures, et je me sentais en sécurité entourée d’autres motos.

C’était en novembre que je vis Les Pingouins sur cette plage devenue célèbre, son nom étant aussi le nom d’une série américaine des années 1990 nommée China Beach, qui évoque le quotidien dans un hôpital d’évacuation pendant la guerre du Vietnam, crée autour de la vague des films tels Platoon, Full Metal Jacket etc à la fin des années 1980. Pour les vietnamiens, c’était la basse saison, et ma demande de m’arrêter ici sur cette plage, pas encore reprise par les grandes chaînes hôtelières qui envahissaient la côte entre Danang et Hoi-An, provoqua des regards étonnés. Je remontai mon pantalon et rentrai dans l’eau pour me rafraîchir, et pour calmer ma brûlure de moto sur ma jambe droite, blessure courante pour les touristes enfourchant des motos au Vietnam pour la première fois.

Les Pingouins sont haut placés sur le ranking des poubelles de mon voyage; ils ont été sélectionnés pour le flyer de mon exposition après tout! Pourquoi quatre pingouins, me demandai-je, alors que le reste de la plage est vide de poubelles? J’ai du cogiter cette question pendant le reste du trajet cahotant jusque Hoi-An, où mon xe-om me laissa un peu brusquement, agacé par mon refus qu’il m’emmène au guest-house de son copain. Le charme d’antan de Hoi-An, ses belles vieilles maisons en bois et ses ponts historiques et canaux, ainsi que la possibilité d’avoir une chambre d’hôtel avec balcon et piscine pour 15 dollars m’ont vite fait oublier les brûlures de moto et le courroux des xe-oms.