Nous étions arrivés à cet endroit en vélo depuis la petite ville de Kawaguchiko, qui fait le tour du lac au pied du Mont Fuji. C’était un beau jour de soleil avant d’escalader le volcan le lendemain. Ces poubelles font doublon les unes les autres, et sont peu entretenues comparées à d’autres que j’ai pu voir à Hiroshima ou Tokyo, plus pédagogiques et recouvertes de messages. Celle de gauche est pour les déchets ‘combustibles’. Le panneau demande le respect de la nature, l’extinction de cigarette et l’arrêt du moteur. Ordre, calme et beauté version japonaise.
Le tour en vélo faisait office de mise en forme physique et psychologique avant le grand défi. Nous nous sommes arrêté à tous les tournants de la route pour admirer et photographier ce volcan emblématique. Il y avait même un peu de neige autour du sommet. Mes compagnons de voyage étaient alors un officier de l’armée américaine et une gynécologue indo-anglaise.
Monter le Fuji-San, comme ils l’appellent ici (‘san’ signifiant, dans ce cas, ‘montagne’ en japonais), est un défi populaire qui s’accomplit généralement pendant la saison ouverte aux touristes, en juillet et en août (300 000 visiteurs en haute saison). Beaucoup font l’escalade en un jour, comme nous, et commencent l’ascension à partir de la 5ème station pour admirer le lever du soleil sur les alentours. En octobre, les offices de tourisme déconseillent de le monter, et les intempéries peuvent s’avérer dangereuses. Toute la signalétique, les stands d’approvisionnement et toilettes sont retirés hors saison, ce qui est à la fois paisible – nous n’avons rencontré qu’une vingtaine de personnes toute la journée – et déroutant, car il ne reste aucune indication. Mieux vaut ne pas tomber malade! L’ascension est intéressante pour les vues plongeantes et le défi en soi. Le paysage sur le volcan même est moins intéressant car on voit surtout du roc volcanique brunâtre. L’officier américain, en jeans et sac à dos microscopique, écouteurs ipod à l’oreille, disparut assez rapidement devant nous en début d’ascension. La gynécologue et moi nous encouragions mutuellement pour arriver au sommet, bâtons de bois en main. Quel bonheur de faire face, de savourer cette victoire d’avoir atteint le sommet venteux et enneigé, de serpenter dans la longue descente ardue du retour, avant d’attraper le dernier bus pour Tokyo… Le Mont Fuji est un de mes meilleurs souvenirs de voyage ; j’espère que son classement à l’Unesco en tant que patrimoine mondial en 2013 ne nuira pas à la beauté de ce lieu magique.